Fibersort sort de l’ombre

09 avril 2018

Officiellement présenté le 14 mars dernier, le système de tri automatique développé par Valvan Baling Systems a pour ambition d’augmenter la valeur des vêtements usagés non revendables et faciliter le recyclage de textiles en textiles. Il rejoint en cela l’objectif de RETEX et ouvre des perspectives intéressantes et complémentaires pour optimiser le recyclage des textiles post-consommation.

Le fruit d’un processus de développement démarré en 2011, Fibersort aborde désormais sa dernière ligne droite avant commercialisation. Le système de lecture optique mis au point par Valvan, basée à Menin, en Belgique, utilise la spectroscopie par proche infrarouge (SPIR) pour analyser les composés organiques et trier les vêtements par leur composition. La lecture s’effectue en 100 millisecondes, le dispositif comparant le spectre relevé avec sa base de données pour ensuite activer un jet d’air qui va dispatcher la pièce dans le bac correspondant à sa composition. La machine en démonstration trie 1260 kg par heure, soit une pièce par seconde, rythme imposé par l’opérateur qui place les vêtements sur le tapis roulant.

Installée chez Wieland Textiles à Wormerveer aux Pays-Bas, Fibersort tourne depuis le début de l’année. Son tapis roulant alimente 15 bacs représentant 14 catégories de fibres et mélanges et un quinzième collecte les pièces non identifiables ou ne correspondant pas à l’une des 14 typologies.

Le jour de la présentation, Fibersort triait des pulls monomatière, famille de produits choisie d’une part pour valider sa capacité à trier des vêtements de composition très variée et d’autre part pour obtenir, après effilochage, des fibres longues (les structures tissées donnant des fibres plus courtes). Dans cette configuration, sa précision est de 98% pour le polyester et 96% pour la laine, mais de 82% pour la viscose et 86% pour l’acrylique. Des résultats que Valvan espère améliorer, sachant que la machine ne peut pas scanner des vêtements multimatériaux (telle une veste doublée) et sa lecture de pièces de teinte foncée est souvent faussée. « Tout ce qui est de composition multiple pose problème », reconnaît Mauritz Vandeputte, ingénieur en charge du projet Fibersort chez Valvan. Les meilleurs résultats sont obtenus avec les vêtements réalisés dans une fibre unique ou largement dominante (80%).

Dans le flux de vêtements monomatières qui lui sont soumis, Fibersort réussit actuellement à en identifier correctement 40%, 20% sont reconnus mais ne correspondent pas à une des catégories de tri, restent 40% non décodés. « Cela peut être dû à la présence d’humidité, de saleté ou poussière », explique Gaétane Decloedt, directrice commerciale de Valvan. L’entreprise aimerait ramener cette proportion non « lue » à 20%. Elle compte également ajouter la possibilité de trier les pièces par couleur et texture (tricotée ou tissée).

Le but du consortium à l’origine de Fibersort est d’automatiser le tri des vêtements en fin de vie afin d’augmenter la valeur des pièces monomatières non revendables. Ceci représente environ 25% des vêtements usagés livrés à Wieland Textiles, un des initiateurs du projet fibersort. Mais cette part est vouée à augmenter, souligne Hans Bon, son directeur, car « les volumes collectés augmentent et leur qualité baisse ». Il reste dès lors optimiste et a fait installer une plateforme qui pourra à terme accueillir 45 bacs de tri.


Un projet financé par Interreg Europe Nord-Ouest, Fibersort réunit des partenaires sur l’ensemble de la chaîne de valeur : le collecteur Reshare (Armée du Salut), le trieur Wieland Textiles et le fabricant de machines Valvan Baling Systems, ainsi que l’effilocheur Procotex, le projet de séparation chimique de coton et polyester Worn Again et Circle Economy, coopérative dédiée au développement de l’économie circulaire. - http://www.nweurope.eu/project...