DESIGNpoint : une valorisation de proximité

15 mars 2018

Depuis 2009, le studio d’éco-design œuvre à une valorisation des déchets qui passe autant par le recyclage que par un circuit économique responsable.

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La structure de DESIGNpoint est légère : une association basée à Liège (Belgique), un réseau d’entreprises partenaires et deux fondateurs, Patrick Vanderstraeten et Jean Luc Théate, forts d’une solide expérience dans le design industriel. L’ambition ? Systématiser une valorisation des déchets industriels par leur réemploi. Selon les fondateurs, rebus et surplus industriels formeraient 49% des déchets en Belgique.

La bâche publicitaire en polyester usagée est le premier matériau digne d’intérêt dont ils identifient un gisement conséquent. « Ce textile micro-perforé est très résistant, il est généralement d’usage éphémère et souvent détruit après utilisation. Surtout, ajoute Jean-Luc Théate, c’est un matériau pour lequel il n’existe pas de recyclage en Belgique. »

Les premiers produits développés par DESIGNpoint ont consisté à réintégrer ces bâches dans un siège pour en faire une structure portante. « Ce projet nous a permis de valoriser plus de 20 000 m2 de bâche mèche. » Selon le designer, il a permis à l’entreprise donneuse d’ordre de réaliser une économie de 25 000€ par rapport à l’achat d’un textile neuf.

D’autres commandes ont conduit DESIGNpoint à diversifier son périmètre à la petite bagagerie et l’équipement événementiel : sacoches de vélo pour la Commission européenne, pochettes pour Ikea coupées dans les propres bâches usagées de l’enseigne, cabine de toilettes pour événements, étuis, porte-monnaie... A l’image des sacs ventraux développés pour le collectif de sportifs éco-responsables Can Guru, l’emploi de matières recyclées peut être complété par des accessoires réutilisés (sangles de sécurité automobile) ou achetés.

Partenariat poussé

Ces collaborations illustrent le socle d’une démarche qui repose exclusivement sur des développements en B-to-B. « Commercialiser directement auprès des consommateurs irait à l’encontre de notre objectif de valorisation de proximité, souligne Jean-Luc Théate. Notre organisation est plus efficace pour répondre aux cahiers des charges de clients donneurs d’ordre, et les ateliers avec lesquels nous travaillons nous imposent de produire des séries. »

Sur ce marché de niche, l’approvisionnement en matières exploitables et en bon état est toujours un challenge. « Les entreprises ont souvent la tête dans le guidon et n’ont pas le temps d’identifier leurs déchets comme des ressources potentielles pour une réutilisation par d’autres. Dans certaines filières, notre demande requiert un tri plus sélectif qui à ce jour n’est pas jugé rentable pour les firmes », explique-t-il.

Une plateforme recensant les gisements de matières réutilisables, comme celle en cours de constitution par le projet Retex, faciliterait sans doute le travail d’identification des viviers pérennes, à condition que les industriels y mettent en vitrine les matériaux réutilisables. Sur ce point, le regard du designer est plus exigeant : « Ce n’est pas si facile que cela de savoir en quelques clics à quel matériau on a affaire. Un bon designer ou un bon créatif ne connaît pas forcément toutes les propriétés d’un matériau. Il faudrait avoir en complément une banque visuelle enrichie d’exemples d’utilisation et de cas concrets. »

http://www.design-point.be/web...