Les perspectives de l’automatisation dans le tri

29 janvier 2020

La qualité d’un produit recyclé dépend de la qualité du triage. Longtemps manuelle, cette opération pourrait bénéficier de l’apport de la robotisation avec l’augmentation du volume de vêtements non revendables.

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Le modèle économique des collecteurs de vêtements usagés est basé sur l’assurance de pouvoir financer leurs activités grâce à une part élevée de vêtements à valeur commerciale sur le marché de la seconde main. Cette évaluation dépend de facteurs fluctuants, liés aux tendances de la mode, au style et à la couleur de la pièce. Des critères qu’un robot, aussi intelligent soit-il, aura du mal à jauger. En revanche, tout ce qui n’est pas revendable et qui pourrait être recyclé devra être trié par composition et couleur, domaine où l’automatisation prend le dessus.

« L’accroissement des textiles qui ne peuvent pas être utilisés dans leur forme d’origine impose que nous adaptions nos processus à l’évolution des gisements », constate Nicole Kösegi, en charge du développement chez Boer Group Recycling Solutions (BGRS), entité créée en 2015 par le groupe basé à Dordrecht aux Pays-Bas pour accompagner l’innovation dans le recyclage.

Chez Erdotex Recycling, basé à Rotterdam et Anvers, le premier tri effectué sur les 130 tonnes de textiles usagés que l’entreprise traite tous les jours est de préférence manuel. « Une machine peut reconnaître une veste en jean d’un pantalon en jean, mais nos critères de sélection dépendent aussi de la mode, la couleur et la taille de la pièce », note Mert Ozturk, analyste supply chain de l’entreprise. Certaines opérations peuvent toutefois être automatisées et le nouveau site Erdotex en cours de construction sera équipé de tapis roulants et de robots pour acheminer les pièces d’une zone de tri à une autre.

Impératifs de précision

Le recyclage de vêtements et linge de maison en fibres textiles impose des critères stricts en termes de composition, structure de l’étoffe, couleur et présence de produits chimiques. « Le tri manuel ne peut pas garantir ce type de précision, au contraire de la lecture optique », souligne Nicole Kösegi. A ce propos, Boer teste actuellement la lecture optique dans le spectre visible (VIS) et proche infrarouge (NIR).

La spectroscopie identifie la composition et la couleur d’une pièce en scannant sa surface. Cette méthode est indispensable pour les pièces sans étiquette ou portant une étiquette erronée (soit entre 25 et 30% des vêtements selon l’organisme britannique Waste and Resources Action Programme, WRAP). Mais elle n’est pas infaillible, et ne « verra » pas la fibre élasthanne recouverte de fibres de coton dans un jean stretch.

La recherche est encore en cours dans ce domaine. Valvan ne cesse d’améliorer les performances du robot de tri Fibresort. D’autres solutions sont à l’étude, comme les étiquettes intelligentes (RFID ou autre).

L’œil d’un expert restera essentiel pour une partie du tri, et ce d’autant plus que les entreprises de collecte à mission sociale et solidaire sont très attachées à leur vocation et donc au tri manuel fait par une personne. Mais il n’est pas dit que les robots ne pourront pas jouer un rôle positif dans leur dispositif.